samedi, mars 31, 2007

Samedi le 31 mars


Chaud et humide. Humide et chaud.
Les vendeurs de fruits sont sortis dans la rue! Des ananas, du melon d'eau, des fraises, du cataloup... Ils te coupe un morceau et le pique sur un petit bâton, et voilà. Miam. C'est mieux pour la ligne que le chocolat.

Lever tôt (plus beaucoup de samedis à Shanghai... pas question de perdre du temps à dormir!). Direction marché de tissus; des achats pour moi et pour Zhang Da et Gugu. Pour moi parce que Zhang Da m'a permis d'utiliser ses patrons (il me l'a gentiement offert) et que j'ai réalisé que je n'ai aucun vêtement d'été pour voyager. Je vais donc me faire ce qu"il faut... Photos suivront.

J'ai cherché et cherché la boutique où je devais acheter du tissu pour Gugu. On y est allées une fois ensemble avant le festival du printemps, c'est une toute petite boutique dans la vieille ville. Et la vieille ville est un labyrinthe. J'ai dû faire 25 rues deux fois chacune. J'étais juste à la veille d'abandonner quand j'ai débouché sur ladite rue. Toute enthousiaste, je me dirige vers la boutique; elle est fermée. *soupir*

Voici le genre d'anachronismes que j'adore dans la vieille ville. Je suis désolée pour le flou, c'est le contenu qui compte et pas le contenant. Une «caisse», accompagnée à l'arrière d'une machine à néons-techno pour détecter les faux billets. (Il était fier que je lui demande une photo! Vraiment fier, avec démonstration et tout.)


Cette femme est toujours là, sur le troittoir, en train de démêler des balles de fil:


Ensuite je suis passée au studio déposer mes achats. Zhang Da m'a demandé de prendre certaines photos des sacs pour envoyer au magazine City Picturale qui veut faire un shooting des sacs!

Déjà presque quatre heures, j'avais rendez-vous vers troise heures avec Fiona (la fille du taxi et du karaoké de la fin de semaine passée). Je l'appelle, il n'est pas trop tard. Un vernissage dans une galerie qui appartient à son amie dans l'ex-concession française. Je pédale jusque-là. Ho, c'est chic. Musique classique live et gens bien habillés (moi j'ai une jupe en jeans, des collants à carreaux et mes converse - propres, bon timing). Un verre de vin, qui est d'ailleurs mon premier je crois depuis mon arrivée en Chine. Trois artistes qui exposent, rien d'intéressant à mon goût. Voici le moins pire (ou le mieux, si vous êtes positifs):


Ensuite Fiona m'invite à aller visiter sa cousine (en fait elle l'appelle sa soeur) qui travaille dans une boîte de pub très connue à Shanghai tout près de la galerie. Moi tout ce qui n'est pas touristique, je veux voir! Derrière les murs...

C'est un très bel endroit, plein de jardins à l'extérieur et très design à l'intérieur. C'est samedi et presque remplit. Ils travaillent un samedi sur deux mais font souvent (presque tous les soirs) du surtemps juqu'à 9-10 heures du soir.

Les voici:
Elles sont vraiment agréables; souriantes et chaleureuses, et elles rient beaucoup. Elles m'invitent à aller souper dans la famille de Yvonne (je vous ai déjà parlé ds noms anglais que les chinois urbains se donnent? Ça mérite un paragraphe, j'y reviendrai). Difficile de dire non!

C'est en banlieue, alors on prend un autobus vers le nord-ouest. On arrive dans une jolie ville, avec un grand parc. Ses parents me reçoivent très, très chaleureusement, sa mère est adorable. La bouffe est dé-li-ci-euse. Et la maman qui m'a dit au moins quatre fois pendant le repas «Mange plus» (en chinois). Et pourtant, c'est pas parce que je n'avais pas d'appétit! Des crevettes, de l'oie, un poisson, du foie de mouton, des dumplings cuits à la vapeur, du chou chinois, des jeunes bamboos, de la soupe au poisson... Un festin. C'était vraiment très agréable.

Ensuite Fiona veut me faire visiter sa maison qui n'et pas loin et son studio. Son mari vient nous chercher en voiture après le souper. Elle a 25 ans et est maquilleuse et photographe pour les revues, les défilés et la télévision. Lui a 32 ans et est peintre. Et je ne sais pas si c'est familial ou si les affaires vont vraiment bien, mais disons qu'ils sont plus que confortables. Une voiture neuve, un condo chic trop grand pour eux (trois pièces vides). Ils ont un bébé, qui n'habite pas avec eux (!) mais chez les parents du mari. Que je crois ont une nannie. Aucune chambre de bébé dans le condo, ce qui veut dire que le bébé n'est jamais là. Et elle aimerait en avoir un deuxième, ce qui implique de payer une grosse amende. Bien étrange mode de vie. Doncon a mangé des melons d'eau dans leur condo trop grand.

Ensuite on est allés voir leur studio, qui se trouve dans un art village, c'est-à-dire un entrepôt rempli de petits studios. Ce qu'il fait est très intéressant, mais je n'ai pas osé prendre de photos. J'ai dû voir une cinquantaine de ses toiles et il y avait vraiment de belles choses. Il est assez connu à Shanghai (il est dans certains livres sur l'art local), et ses toiles se vendent entre 3 000 et 10 000 RMB environ (500 à 1700 $ environ). Il reçoit aussi des élèves dans le studio, qui d'ailleurs est rempli d'antiquités. Il y a un coin photo pour Fiona et elle a tappissé un mur de photos d'elle accompagnée de vedettes chinoises qu'elle a maquillées.

Le statut social ici est très important. J'entends souvent des «il réussi bien, il vient de s'acheter une nouvelles voiture» ou «j'aurais aimé faire ce métier, mais ce n'est pas bien vu en Chine» ou «il a vraiment une position importante». Des «il fait ce qu'il aime vraiment», ça se semble pas être un argument. Les gens exposent donc leurs réussites et leur richesse avec fierté. Je ne suis pas trop à l'aise avec ça, et mes questions semblaient la surprendre. C'était une belle soirée de découvertes sur des gens qui ont un autre style de vie.

vendredi, mars 30, 2007

Vendredi le 30 mars

La saga bureaucratique chinoise, la conclusion

He oui, ça a marché. Et en seulement trois jours, plus vite que prévu. Je crois rêver. Je l'ai mon sticker. Il ne me reste qu'à changer la date de mon vol (ça c'est facile, c'est avec Air Canada, y'a pas de papier rose-bleu-jaune).
*Danse du bonheur*

Tout ça pour ça. Mais il y a quand même la grande muraille en arrière plan. Quand même.

Stage

Illustrator et patron, ça avance. «Tu es à l'heure» que m'a dit Gugu. (À l'heure de la Chine, c'est bon). Plus que trois journées avec elle pour finaliser les projets commencés. Le stage tire à sa fin, c'est un peu... énervant. Le seul signe visible de cette fin emminente, c'est que mon journal de bord ne ferme plus:


Et?
En ce vendrdi soir? Dodo, mon corps a besoin de sommeil. C'est la seule chose à quoi je pense ce soir.

jeudi, mars 29, 2007

Jeudi chaud


Hier c'était un avertissement. Aujourd'hui il est arrivé: l'été. Yahou. En ce moment il fait 24 et il est dix heures du soir. Alors au soleil ce midi en vélo, c'était chaud... Et il y a une petite brise humide, douce et chaude. J'ai ouvert toutes mes fenêtres (qui sont toutes sur le même mur, mais le couvrent presque entièrement). Je me suis demandé si c'était dangereux, parce qu'il n'y apas de barreaux, c'est comme si j'avais enlevé le mur. Mais je suis au sixième et spiderman n'est pas chinois.

L'été ça donne de l'énergie. En vélo, la musique plein les oreilles, je chantait à tue-tête. Bon j'exagère un peu; la musique plein l'oreille parce que j'ai un écouteur de brisé. Et à tue-tête... à haute voix disons. Chinese style; tout le monde chante ici, donc ça passait inaperçu. Malgré mes fausses notes. J'ai gâché du Malajube et du Gwenwed avec ma «douce voix».


Mes pieds

Ça faisait un mois que je me cherchais des beaux Converse. Ils sont pas mal moins chers ici et disons que j'en ai besoin. C'est peut-être pour ça que je n'ai pas beaucoup d'amis:


J'ai trouvé ce soir! C'est LE bleu chinois, il est partout ici, souvent accompagné de vert vif. Peut-être que des lacets verts vifs... Comme ça, je repenserais à la Chine en me voyant les pieds tous les jours à Montréal.

C'est plus propre hein. Et ça sent meilleur. Mais je ne me résigne pas à jeter mes bottines fleuries... De toute façon, elles son en train de tomber en morceaux, je vais attendre d'en perdre une partie.

La dépendance

Je regardais ma table de chevet et... ça va me coûter cher de poste je crois. Quand je disais que j'ai un problème de livres. Bon il y en a peut-être deux ou trois à Zhang Da...

Je devrais peut-être louer un container sur un bateau et importer les vêtements de Zhang Da en même temps, ça rentabiliserait ma dépendance littéraire. (En fait ici ce n'est pas très littéraire parce que je ne lis pas le chinois hein, c'est plutôt une dépendance aux images. Et au papier, et à son odeur. Mais tous les livres sur l'art sont traduits, même chose pour les revues d'art; le trois-quart des textes sont aussi en anglais.)

Stage

Journée Illustrator, aplat technique de pantalon et imprimés. Je me suis rendue compte que si j'ai mal à la tête c'est temps-ci, c'est parce que j'ai oublié que je suis supposée porter des lunettes pour voir de près. Petit détail! Je ne m'habituerai jamais.

mercredi, mars 28, 2007

Mercredi le 28 mars

Une journée d'été! T-shirt! Brise chaude! Bon soleil! Le bonheur.

Un autre festin ce midi avec mes collègues de travail:


Et des nouveaux desserts à essayer. Celui à gauche est aux ananas avec des boules de riz... vraiment bon. Celui à droite avait des boules blanches qui ressemblaient à des olives, mais sucrées. Très bon, mais j'ai un faible pour celui aux ananas. Oui je sais, la bouffe prend beaucoup de place dans ma vie (et dans mes vêtements), mais on est gourmand ou on ne l'est pas. Ying, c'est quoi les choses oranges qui flottent ? Non, ce ne sont pas des petits poissons.

C'est drôle parce qu'on est à peine capable de se parler, mais on a beaucoup de plaisir quand même. C'est l'intention qui compte.

Stage!

Après dîner j'ai présenté mes esquisses à Zhang Da. C'est stressant hein? J'avais le coeur qui battait fort. Sur la trentaine de modèles que j'avais sélectionnés et mis au «propre» pour lui montrer, il en a retenu... 4-5 (gulp). À développer. Il m'a ausi parlé de ses matières (que j'ignorais) et a précisé la direction qu'il veut que sa collection prenne. Puis il m'a donné des pistes de recherche. Je suis donc aller passer la soirée dans un café Internet faire cette dite recherche. (Moins de distractions que chez-moi... C'est drôle à dire parce que je suis toute seule chez-moi et et que c'est plate à mort et que je ne suis pas trop portée sur le ménage. Je ne vois pas trop quelles sont les distractions possibles à part dormir. Mais je me concentre mieux dans un café. Mystère de la vie.)

Wow!

Mais, en me rendant à ce café, où l'on mange de l'excellent gâteau au fromage soit dit-en passant, je suis passée devant la boutique Cha Gang (la marque du designer le plus intéressant à Shanghai - après Zhang Da bien sûr). J'y suis donc arrêtée, la collection d'été étant arrivée. J'ai été vraiment impressionnée par sa collection. C'est beau et intelligent... C'est une réflexion sur la culture chinoise (comme beaucoup de designers chinois, disons que le peuple semble être en quête d'identité... ça me rappelle un peuple à l'autre bout du monde), mais très contemporain, avec des matières et des détails... wow.

Ce sont des photos de la collection précédente, mais pour ceux que ça intéresse:
une entrevue et un shooting.

Et tiens une photo, pourquoi pas.


J'ai essayé une robe. Une robe pas chic et qui m'allait comme un gant. J'ai failli me prendre en photo dans la cabine d'essayage, mais ma caméra fait des bip-bip-buzzz-ting. J'imaginais la scène; «Zhang Da envoie sa stagière faire de l'espionnage chez Wang Yiyang». Leur amitié détruite. Je me suis retenue. J'ai demandé à la vendeuse combien de robes de ce modèle il a fait. Elle a regardé dans la base de données, pour me dire que... il n'en a fait qu'une. Aïe, en plus elle est unique. C'est étrange parce que c'était la plus belle pièce selon moi et c'était une des moins chères. Juste pour m'agaçer. J'ai sortie ma calculatrice, savoir combien de nuits à l'auberge de jeunesse ça valait. Puis je suis sortie aller manger un morceau de gâteau au fromage. Qui sait, peut-être me restera-t-il un peu de place sur ma carte de crédit avant de repartir à Montréal et que la robe m'attendra jusque-là. Et que nous aurons une longue vie heureuse.

Famille!

Et j'ai eu une merveilleuse nouvelle! Mon frère Mathieu va avoir un deuxième bébé! «Un bébé tout neuf» comme répète le petit Gabriel (Qui, en passant, est beau comme tout. Et si tu lui ajoutes des lulus, c'est moi à deux ans et demie -ouais j'étais belle comme tout). Félicitations à Mathieu et Mélanie, je suis émue! Je vais être triplement matante. Ça justifie mon côté kétaine. Et j'y crois au bébé-boum québécois... Tout le monde fait des bébés! C'est bon pour l'avenir de notre culture, continuez.

mardi, mars 27, 2007

Mardi le 27 mars

Bang. J'ai failli m'étouffer avec ma gorgée de Tsing Tao. Peuple québécois, tu me déçois.


Ouin. Je ne suis plus sûre que je vais revenir. Moi qui vante le Québec à tous ceux que je rencontre, nos valeurs, notre culture, notre langue, notre ouverture, notre liberté... Je pense que je vais manquer d'arguments pour quelques années. Disons quatre.

La saga bureaucratique chinoise, part VII.

Ça m'a pris une partie de l'avant-midi, mais je crois que ça y'est. Oui oui, je crois que ça y'est. Dans cinq jours je devrais reçevoir mon passeport au studio avec un nouveau collant dedans. Priez pour moi. Amen.

Stage

Des dessins! Pour Zhang Da surtout, mais aussi un autre aplat technique pour Gugu. Et la journée n'est pas finie. Des dessins des dessins des dessins.

lundi, mars 26, 2007

Québec incertain

N'oubliez pas d'aller voter.

J'ai essayé de m'inscrire au vote hors Québec, ils m'avaient envoyé un courriel de confirmation avec plus de détails sur mon adresse. Je leur ai répondu et je leur ai demandé de m'aviser s'il y avait quoi que ce soit. Je ne reçevais rien, je leur ai réécrit et ils m'ont dit: désolé Mme Durand-Laflamme, vous n'aviez pas signé votre formulaire et il est trop tard (c'était une demande par Internet). Je ne suis pas contente. Donc votez bien pour compenser.

J'ai suivie la campagne et... ouf... que de grands moments de politiques. La course aux séries est en effet plus intéressantes que la course à la gouvernance.

Lundi le 26 mars

Deux bonnes nouvelles aujourd'hui (une bonne nouvelle ne vient jamais seule).

La saga bureaucratique chinoise, part VI.

J'arrive à 13:30 bien précises (comme la policière aux multiples personnalités me l'avait demandé). Avec ma pile de documents photocopiés; tout y est. Elle me regarde avec son air de policière: «I need TWO copies of each. And we dont have the machine here.» Ça commence bien. Je m'en vais tout refaire photocopier. Elle me fait signer ici, là, là encore, un «I agree» par-ci, un par-là. Si elle était mal-intentionnée, elle m'a peut-être fait avouer tous les crimes non-résolus des deux derniers mois à Shanghai. Qui sait.

Donc elle m'a finalement donné un grand papier ainsi que les directions pour me rendre à la banque où j'allais pouvoir demander pardon à la Chine (moyennant 500 rmb). Une longue file d'attente. En fait ce n'était pas une file, c'était comme dans un théâtre, tous les sièges tournés vers les guichets. Et quand le premier arrivé passe au guichet, tout le monde se lève et se tasse d'un siège. Ça avait l'air d'un jeu, mais c'était pas si drôle finalement. Ma voisine a engagé la conversation, bien sympathique (à peu près tout le monde est sympathique à Shanghai). Une agente de voyage, on a échangé nos e-mails. Au moins une fois par semaine je me fais donner un numéro de cellulaire accompagné d'un «Si tu es mal prise, si tu as besoin de quelque chose, ne te gêne pas, voilà mon numéro». C'est gentil non? Et avant que je quitte la banque, elle m'a dit «Wow, I am really happy to have a foreigner friend». Hehe. Bon.

Je repars de la banque avec un nouveau papier, que je vais faire photocopier, puis je retourne au poste de police. Ma policière n'est plus là, ça complique les choses. On me fait signer, agréer, signer, dater... Puis on me donne un papier rose. J'attends la suite. On me dit: «That's it. You can go now». Quoi? C'est mon si attendu papier rose? Je l'ai. Mais ça n'est pas fini, ce n'était qu'un document pour ensuite pouvoir aller faire ma demande de Visa. Suite et fin (je me croise les doigts) demain.

Le petit point au centre là, c'est ma prolongation de Visa. Je vais y arriver.


Stage
J'avais une note sur ma table de travail ce matin; je commence à dessiner la collection d'été! (Oui je sais, il est tard pour dessiner la collection d'été, elle devrait déjà être en magasin, mais mieux vaut tard que jamais. Et il n'y a à peu près pas de délai de fabrication au studio; un modèle choisi peut être en boutique le lendemain, on est dans un micro-studio, avec des micro-volumes). Je suis vraiment contente de pouvoir participer à la collection. Les accessoires c'est bien, mais les vêtements, c'est mieux. Donc j'ai dessiné, faits des petits moulages (il y a une petite Georgette), dessiné.

Je me rends compte parfois à quel point j'aime ça travailler dans un atelier. J'aime l'odeur de la toile à moulage, surtout quand elle est chauffée par le fer, j'aime le bruit du ciseau qui coupe le tissu, l'odeur de la mine de crayon, du papier, de l'huile de machine à coudre... J'aime même avoir mal aux doigts parce que j'ai trop dessiné (c'est souvent accompagné de tension dans les mâchoires; c'est signe d'une grande concentration). Non maman, je ne regrette pas de ne pas être devenue médecin (je sais, je sais, tu approuves, c'est une farce, ne t'emporte pas).

Voici les deux inspirations de la journée:

Et voici Georgette, cette demie femme:


Et puis?
Je suis encore trempée, le vélo en coton ouaté sous les cordes de pluie, c'est pas l'idéal. Vivement une douche chaude (l'eau est plus chaude qu'au début on dirait, peut-être qu'ils ont rempli le réservoir de gaz... ou peut-être que je m'habitue.) Et puis soirée dessins, pour Zhang Da et aussi pour Bringue. C'est quoi ça Bringue? C'est à voir lors du Défilé Vert, en juin (ai-je besoin de préciser «à Montréal»?). Bien sûr je vais en reparler, en long et en large.

dimanche, mars 25, 2007

Thanks to you Ludger!


J'ai oublié de parler du courrier que j'ai reçu ce matin! Une carte postale et des petits cadeaux du Vietnam! Wow... Merci!

Dimanche le 25 mars

J'ai passé la journée dans un nuage. Et ce n'est pas une figure de style. Brumeux, mais brumeux... Et chaud. C'était moelleux, lent... Comme si la batterie de la gravité était un peu plus faible, tout restait en suspension... Même mon ipod jouait au ralenti. C'était très agréable. Le métro était silenceux, les gens parlaient bas, les cellulaires ne sonnaient pas. Même le centre-ville m'a plu.

Et les fleurs et le gazon avaient l'air d'apprécier toute cette humidité; tout était blanc-gris sauf eux, qui rayonnaient.

Après du ménage et lavage, je suis partie vers le nord de la ville au musée d'art *moderne* Duolunart (j'imagine que c'est une mauvaise traduction de contemporain). Voir cette expo:
Des objets avec un petit hublot, par lequel on voit une reproduction miniature et très réaliste d'une scène quelconque. Parfois banale, parfois inconfortable. Les scènes reproduites étaient très chinoises. J'ai apprécié. Il y avait aussi des projections et des bandes sonores pour certaines installations.

Ensuite j'ai fait des détours pour me promener dans les parcs avant de retourner prendre le métro. Et j'ai pris des photos de fleurs, oui oui. Je me sentais «j'aime la vie, j'aime les fleurs, je chantonne en marchant dans le parc, lalalère».
Je me suis dirigée vers le centre-ville, People's Square. Il y a une exposition extérieure au musée d'art contemporain dont on dit du bien. La journée est tellement calme que le centre-ville me tente. J'y arrive donc et je repasse devant le I-mART d'hier... Je repense au joli toutou fait avec un bas qui me trotte dans la tête. Je regrette un peu de ne pas l'avoir acheté, il était si mignon. J'y retourne en me disant que s'il est encore là, c'est un signe qu'il est pour moi. Ho yeah:
Je ne parlerai plus toute seule le soir, je vais lui parler. Je ne sais pas ce qui est le pire pour la santé mentale.

Ho làlà la brume:On n'y voit pas grand chose et tout a l'air flou; ce n'est pas ma caméra, c'est toute cette eau dans l'air.

Finalement j'ai tellement flâné dans le square qu'il était trop tard pour aller au musée. Je devais me rendre dans l'ouest pour 19:30: le défilé des finnissants de l'Université près de chez-moi, dont fait partie Win Le, l'assistante de Zhang Da.

C'était... des grosses robes. Des princesses médiévales, des déesses grecques, des clowns (perruques incluses), des extra-terrestres, de la broche en masse, du volume, de la couleur, des sculptures... Les finissants ne présentaient pas de collection à eux mais deux ensemble. On aurait dit qu'ils ont voulu mettre les détails d'une collection complète sur une robe. Et il y avait peut-être cinq pantalons sur les deux cents ensembles.

Voici les deux robes de Win Le, qui avait une inspiration vraiment intéressante, le patron est super:Et voici d'autres photos, j'ai pris ce qui est le plus intéressant et pas trop flou (je vous épargne les robes de princesses grecques):

samedi, mars 24, 2007

Samedi, ho oui!

Le moins que je puisse dire, c'est que ça a été une journée bien remplie et ô combien variée. Police-art-conférence-bouffe-épicée-punk-lost-in-translation.

D'abord, je suis allé au poste de police avec Zhang Da. Ô, Chine, que tu es incompréhensible. Ce que l'on ne m'avait pas dit lors de mes trois dernières visites au poste de police, c'est que j'ai une amende de 500 yuen. Oui, oui, je suis une délinquante et j'ai une contravention. Pourquoi? Parce que lors de mon arrivée en Chine, j'aurais dû aller annoncer mon arrivée dans un poste de police. Je n'avais jamais entendu parler de ça! Donc, si je paye l'amende (la *punition* qu'ils m'ont dit, ce sera peut-être accompagné d'un coup de règle), ça devrait marcher. Lundi ils vont me donner un tit papier, qui va me donner le droit d'aller payer mon amende à la Banque, qui elle va me donner un tit papier que je vais ramener au poste de police, et là ils vont me donner le tit papier rose, que je vais apporter au PSB avec mon tit papier blanc, puis eux vont me donner mon extension de visa.... *Reprends mon souffle*. C'est drôle, mais elle était très gentille aujourd'hui la policière, beaucoup moins agressive. Présence chinoise oblige peut-être...

Cet après-midi je suis allée au I-mART, un évènement organisé par la revue chinoise City Picturale. C'est en fait deux jours de marché offert gratuitement aux artisans locaux. Et il y a aussi des conférenciers; dont Zhang Da. Il y avait de jolies choses, ça allait des sérigraphies sur t-shirt aux poupées faites à partir de bas.
Moi je me suis fait un cadeau de trois macarons en tissu, et on m'a donn le petit en plastique à droite:Je *testais* aujourd'hui un des échantillons de sac que j'ai ,'ailleurs. Pour voir s'il est fonctionnel, quels sont ses défauts. Je l'aime beaucoup, je ne voudrai pas lui redonner l'échantillon! Si j'ai le droit de le porter, j'ai le droit de vous le montrer, mais juste l'extérieur; le plus intéressant est à l'intérieur...J'ai reoncontré sur place Zhang Da, Gugu et leur graphiste. On a assisté à la conférence de Zhang Da (en chinois... je vais lui demander de me faire un résumé cette semaine; Gugu m'a dit qu'il avait parlé de deux thèmes soit le temps et la quantité, et moi tout ce que j'ai compris c'est les mots «Martin Margiela» et «Muji»).
Et ensuite on est allés souper tous ensemble. Revenue chez-moi, je n'ai pas pû m'empêcher d'aller sur www.smartshanghai.com voir ce qui se passe en ville... Bon il y a un show de punk de Pékin, pas cher, pas tard, hier j'ai été sage... Curiosité anthropologique oblige (c'est une bonne excuse), je veux voir des chinois punks.

Je recopie donc l'adresse en chinois et prend un taxi, qui se dirige vers une autoroute au sud dont j'ignorais l'existence... Mais où-est-ce qu'il m'emmène? Je regarde à nouveau le nom du bar: Yu Yin Tang warehouse... On arrive finalement entre deux usines, et il me dit: c'est ici. Quoi c'est ici, où ça? Je lui demande d'avancer avec la voiture entre les usines (pas question de me retrouver seule entre deux usines dans le noir). On avance, on tourne, on s'enfonce... Et puis je vois des gens attroupés devant une porte. Fiou. J'arrive pour le concert principal, Joyside. Je pensais que c'était quatre filles; non. Ils se prennent pour des filles peut-être.


«Joyside describe themselves as the "bitches of rock'n'roll, addicted to Dead Boys, New York Dolls, Sex Pistols and the Stooges" - oh, and they are quite honest, admitting that they're only here "for your cash". Joyside hail from Beijing and are one of the most famous punk bands in China having released five albums. Their first China tour ("a rock'n'roll nightmare") was filmed by the American director Kevin Fritz, who was on the whole tour with the band and later made a wonderful documentary about Joyside - "Wasted Orient". Supported by 3 Shanghai bands, Banana Monkey, The Fuck'ndrolls and SK8bomb.»


Il fait chaud, ça pue, ça sue, ça trash... C'est punk. Mais court; à peine 40 minutes et c'est fini. Bon, je suis un peu déçue, à Shanghai ça finit tellement tard habituellement. Je me dirige vers la rue pour attraper un taxi; on est une quinzaine à vouloir un taxi. Il y en a un qui arrive pour moi (ordre d'arrivée, c'est mon tour), alors je dis l'intersection où je vais aux gens autour et leur offre d'embarquer si c'est près de leur destination. Une chinoise enbarque, toute contente. On jase dans le taxi; elle est photographe de mode, surtout pour les revues, a son propre studio, me donne sa carte d'affaire; elle me fera visiter. Elle me montre des photos de sa petite fille, jase jase jase, bien sympathique. Puis finalement elle m'invite à finir la soirée avec elle; elle s'en va rejoindre des amis pour la fête de l'une. Bon, un party chez quelqu'un ça ne me dit pas... Je lui demande: c'est chez une de tes amies? Elle dit: non dans un karaoké. Un KA-RA-O-KÉ? Un karaoké chinois... Wow je veux voir ça!

Ça n'est pas un bar de karaoké, mais une pièce de karaoké louée, ho oui, comme dans le film... Lost in Translation. Une table au milieu; remplie de bouffe, d'alcool et de dés. Un chinois qui chante de tout son coeur des succès pop chinois. Une chinoise trop saoule qui dort. Une télécommande pour appeler le serveur qui arrive vite comme l'éclair avec son noeud papillon vert. Des photos.
On mange du gâteau avec nos doigts. Et on essaie de me faire manger des oreilles de porc et des pattes de poulet. Puis on me sert un drink au rhum. (Notez que je repecte l'ordre chronologique).

C'est elle la gentilles fille du taxi:

J'ai chanté (oui oui, c'est vrai... enfin j'ai essayé) And I Love Her des Beatles et une vieille chanson de Cindy Lauper (ils pensaient que c'était une chanson récente...). Puis ils m'ont appris à jouer aux dés à la chinoise (le jeu s'appelle Menteur). On a bien ri. Plus kétaine que ça tu meurs. Et le plus drôle c'est que moi je n'étais pas habillée tout joliement comme eux; j'avais des leggings à têtes de mort et une camisole assez... déconstruite. J'avais l'air de quelqu'un qui s'était trompé d'immeuble. Des heures de plaisirs et de découvertes, qui aurait cru que je me retrouverais là hein? Que d'aventures.

vendredi, mars 23, 2007

Vendredi de toutes les couleurs

Journée pénible et agréable à la fois.

Le pénible d'abord. J'ai fait moi-même l'échantillon du plus complexe des sacs de la ligne. Avec le vrai tissu, soit du nylon genre parachute et du filet, communément appelé mesh. En partant, c'est des matières dures à coudre. En plus les finitions sont compliquées (des biais en masse, en dedans, en dehors, tout doit arriver au milimètre près, ça tire, ça plisse...) Mais c'est qui qui a fait ce *@?&$ de design là? Ça m'a pris toute la journée... J'ai fait plein d'erreurs, j'ai décousu, retaillé. Une aiguille dans du nylon = trou. Soupir. La couturière m'a même demandé combien de sacs j'avais fait depuis le matin. Désespoir. Et le résultat final? Moche. Je ne suis pas une couturière moi, bon. J'ai même dû aller me calmer dans la salle de bain à plusieurs reprises, calmer mon impatience ainsi que mes nerfs qui semblaient vouloir prendre en feu. Mais l'objectif de cet échantillon n'était pas tant son apparence que la détermination des finitions et des étapes de confection. (Je dis ça pour me convaincre). Au moins le tissu est d'un beau rose-corail-délavé, on dirait le rose des *ballounes* à gonfler de fête, même la texture est similaire. Ça m'a aidé.

Bon, l'agréable maintenant. La patronniste, qui balbutie un peu d'anglais, est venue me demander si je voulais aller dîner avec elle et la couturière ce midi. Bon, ça fait deux mois que je dîne toute seule. J'ai même montré trop d'enthousiasme je crois. Elles m'ont invité à dîner (oui, oui, invitée), et ça m'a fait beaucoup de bien de rire avec elles. Elles rient tout le temps, elles ont l'air de deux coquines. Je leut ai dit que j'aimais ça quand elles riaient. Elles ont ri de plus belle (probablement qu'une fois sur deux elles rient de moi, j'ai pas de problème avec ça. Par exemple quand je dis «Wo ting bu dong» - je ne comprends pas ce que vous dites- elles rient, elles rient...) J'ai appris qu'elles sont chacun un enfant, de cinq et six ans. Ici tu ne demande pas «As-tu des enfants? Combien?» mais juste «As-tu un enfant?». Elles ont commandé dix plats (oui je les ai comptés), plus nos plats de riz, plus les desserts. C'était bon. Le dessert c'était une genre de compote chaude de riz noir avec des fèves rouges dedans. Ça a l'air étrange pour nous, gens de l'ouest, mais c'était très bon. Ça ressemblait à ça, mais avec moins de fèves et plus de riz:La nourriture, ça crée des liens, ça c'est universel. Elles m'ont après que j'étais leur amie.

J'ai fait un arrêt au poste de Police ensuite, je croyais avoir enfin les documents requis pour avoir le document rose qui me donnera droit, s'il est accompagné du document blanc dûment rempli, à une prolongation de mon visa. Mais non, toujours pas correct. Je commence à stresser. Zhang Da viendra avec moi demain après-midi parce que j'ai un peu de difficuté à communiquer avec la policière. Elle est assez agressive, elle me fait peur. Elle veut que je retourne chez-moi on dirait. C'est pas agréable, et moi je veux le papier rose... Une autre chose à suivre.